Il est de ces événements historiques qui passent pourtant sous les radars. L’actualité politique et sportive très chargée de ces derniers mois, le climat maussade – les plus grosses pluies sur la région depuis 25 ans – peuvent l’expliquer parfois, comme c’est le cas à Chatou. En effet, en ce 28 octobre 2024, c’est une femme qui est devenue la première magistrate de la ville, une première depuis… 1790 ! Michèle Grellier, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, va donc marquer l’histoire de Chatou, quoiqu’il arrive, et il est temps qu'une femme accède à ce poste à responsabilité. En tant qu’élue depuis 2008 et de première adjointe au maire depuis 2018, Michèle Grellier n’est pas une figure de rupture et son ascension ne s’apparente pas à une révolution. Au contraire, elle a accompagné la politique de la majorité municipale durant plus de 16 ans, et le cap, vraisemblablement, restera le même.
L’élection de Michèle Grellier résulte, grâce au non cumul des mandats inscrit dans la loi, d’un jeu de dominos politiques qui a mené Eric Dumoulin à occuper le siège de sénateur laissé vacant par la nouvelle ministre Sophie Primas. Surtout, l’ancien maire a clairement indiqué qu’il entendait redevenir maire à l’issue de ce qu’il considère un intérim. Cette déclaration place Michèle Grellier dans une position délicate, celle d’une dirigeante en sursis, appelée à gérer la ville pendant une période de transition, dont la légitimité ne repose que sur le bon vouloir de son mentor.
Peu de changements majeurs sont attendus car la plupart des conseillers municipaux vont rester des faire-valoir de décisions et d'arbitrages pris par un petit groupe en dehors des commissions. Le conseil municipal ne reste qu'une chambre d'enregistrement. Les bonnes volontés et les compétences des conseillers municipaux sont ignorées parfois avec une supériorité qui n'a de fondement que de vains calculs politiques ou d'égo. Le changement de maire va-t-il améliorer le fonctionnement démocratique local ? La première femme à diriger Chatou saura-t-elle imprimer sa marque ou restera-t-elle dans l’ombre de son mentor ?
Le réseau de chaleur à Chatou s’est considérablement étendu et alimente plusieurs milliers de foyers et de bâtiments administratifs sur le périmètre de la communauté de commune.
Cette extension vendue comme un verdissement de la politique de la commune et de la boucle a pour origine non pas une volonté politique mais une contrainte réglementaire. Au motif de la valorisation énergétique, l’incinération bénéficie de soutiens fiscaux et réglementaires : la chaleur produite est considérée comme de la chaleur de récupération et cette énergie récupérée bénéficie, sous certaines conditions, d’un taux de TVA réduit ; les usines les plus « performantes » bénéficient d’une réduction significative de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). On ne peut donc que louer cette saine gestion. Les opérations du réseau sont déléguées à un tiers (ENGIE) qui est alimenté par la production d’eau chaude du SITRU dont le président est notre maire.
Maintenant, est-ce aussi vert que cela ? La source d’énergie est à la fois constituée des déchets ménagers, d’une partie du recyclage rebuté sur l’usine de Nanterre et de gaz naturel nécessaire au fonctionnement des fours du SITRU. Or le SITRU ne communique pas sur son bilan carbone : tout est vert par défaut !
A y regarder de plus près que constate-t-on ? La collecte des déchets à Chatou n’est pas en amélioration tant au niveau de la quantité de déchets traités que du tri. Une quantité non négligeable de la source est d’origine pétrolière au travers du plastique qu’elle contient. Il n’y a pas de politique efficace de réduction des déchets sur la Boucle, à croire qu’il y a une crainte de ne plus alimenter l’incinérateur.
Cette solution n’est pas pérenne à plus d’un titre notamment la réduction de déchets incinérables du fait du renforcement des obligations de tri et de consigne. La solution d’un réseau de chaleur alimenté par nos déchets n’est pas durable. Des communes voisines ont peut-être trouvé la solution : la géothermie profonde. Cette source abondante sous nos pieds permet de voir plus grand que ce qui est réalisé actuellement. Le réseau de chaleur n’est pas aujourd'hui accessible à tous. Une des limites est la capacité de l’unité d’incinération. Vouloir augmenter la capacité notamment en important des déchets d’autres communes n’est pas une solution viable. Permettre l’accès au réseau de chaleur au plus grand nombre y compris les habitats individuels comme cela est le cas dans les pays nordiques est un vrai acte de développement durable, d’autant qu’il permettrait également de limiter la prolifération des pompes à chaleur et des problèmes de bruits et de consommation énergétique que cela génère.
Développer le réseau de chaleur à l’aide de la géothermie, réduire la part de l’incinération en développant une politique de réduction et de meilleure utilisation des déchets devrait être un des piliers de la transition énergétique au service de tous les catoviens.
“Chaque fois que l'on refuse 1 milliard pour le logement, c'est 10 milliards que l'on prépare pour les tribunaux, les prisons, les asiles de fous.”. C’est par cette citation que nous voulions débuter cette tribune. Elle nous rappelle à quel point il y a, derrière la question du logement, celle d’une humanité qui s’affirme.
Le maire de Chatou ne manque pas une occasion de rappeler avec fierté qu’il refuse d’appliquer la loi SRU qu’il juge injuste pour Chatou. L'article 55 de cette loi oblige en effet la ville à construire 25% au moins de logements sociaux, sous peine de sanctions. Pourtant, 5% des communes abritent 50% des logements sociaux en IDF ! Au titre de ce refus assumé du maire de respecter ses obligations légales, la ville paie donc chaque année une pénalité de l’ordre d’un million d’euros.
Le rejet des logements sociaux sur le terrain témoigne de la persistance d'une image négative entourant le secteur du logement social. Bien que la nature « sociale » des futurs logements ne soit généralement pas critiquée de manière explicite, les réticences sont souvent liées aux désagréments supposés qu'ils pourraient entraîner (problèmes de circulation, de stationnement, hauteur des constructions, densification excessive). Néanmoins, l'insistance à souligner le caractère « social » des logements semble suggérer que le principal point de discorde réside effectivement dans cette dimension. Or le logement social abrite des gens de plus en plus précarisés par un système économique fortement générateur d’inégalités.
Dans un contexte post Covid où la précarité des revenus et du logement touche de plus en plus de familles, ignorer le rôle des bailleurs sociaux dans la cohésion urbaine et sociale de la ville ne devrait pas être une source d’orgueil. A ce titre, notre groupe affirme sa volonté de contribuer à la mise en place d'une politique du logement différente et ambitieuse pour garantir l’accès de tous à un logement décent et favoriser les parcours de vie les plus positifs possibles, en concertation avec les habitants et les partenaires de la collectivité.
PS : la citation qui ouvre cette tribune est de l’abbé Pierre.
Notre nouveau groupe au conseil municipal de Chatou, Action citoyenne, s'attache à adopter une approche constructive, ouverte et durable. Notre volonté est d'intégrer de manière globale les enjeux environnementaux et sociaux dans l’action politique locale, en favorisant un engagement sur le long terme.
Ville de taille moyenne, Chatou a des atouts qui la rendent attractive et elle fait face aujourd’hui à des défis qui modifient et vont modifier en profondeur le quotidien des catoviens. Elle aborde le XXIème siècle comme une ville de la grande couronne cherchant à répondre aux enjeux du siècle (logement, transition énergétique) en maitrisant son développement. Le groupe propose de porter des propositions sur trois axes : l’urbanisme, les transports et le cadre de vie.
Action citoyenne souhaite permettre aux catoviens ayant envie de contribuer à la vie locale de participer activement aux échanges et ainsi pouvoir s'exprimer quant aux décisions prises pour la ville. Ce processus vise aussi à redonner envie aux catoviens de se mobiliser pour la vie dans leur ville et lutter contre l'abstention, d'un niveau historique aux dernières élections. Notre vision est celle d’une démocratie plus participative et délibérative.
Enfin, le nom de notre groupe propose d'agir de façon citoyenne et constructive. Citoyens de Chatou avant tout, nous souhaitons proposer d’agir en tant que catoviens pour les catoviens ! Nous vous invitons donc à nous rejoindre ou à nous faire vos propositions afin de réfléchir ensemble à ce que devrait être notre ville.
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